Champ de microscope pour les procédures générant des aérosols pendant la pandémie de COVID-19
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La maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) est devenue une pandémie mondiale, impactant profondément les systèmes de santé. Les oto-rhino-laryngologistes ont été confrontés à des défis importants dans le cadre de l’épidémie de COVID-19, compte tenu du risque accru d’infection dû à l’exposition professionnelle.1,2 Malgré l’utilisation d’équipements de protection individuelle, des inquiétudes subsistent quant à la transmission potentielle du SRAS-CoV-2. Cela est dû à la capacité du virus à rester vivant et infectieux dans les aérosols (c’est-à-dire les suspensions de particules dans un gaz, par exemple dans l’air) pendant de longues périodes, ainsi que sur des surfaces pendant plusieurs jours.3,4 La transmission se fait par des gouttelettes respiratoires et des particules virales aérosolisées, qui sont générées lors d’interventions spécifiques telles que l’aspiration, le forage osseux et l’application de diathermie. La muqueuse mastoïdienne et la muqueuse de l’oreille moyenne sont reliées à la muqueuse nasopharyngée et peuvent servir de source potentielle de particules virales chez un patient infecté. Cela souligne la nécessité d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies qui minimisent la propagation des aérosols.
La mastoïdectomie, une intervention chirurgicale visant à éliminer les cellules aériennes mastoïdiennes infectées, est identifiée comme une procédure générant des aérosols, ce qui soulève des préoccupations. Des études existantes soulignent que l’utilisation de foreuses de grande puissance est associée à la génération d’aérosols et de petites particules capables de transmettre des maladies infectieuses.5 La vidéo présentée présente une approche novatrice pour atténuer la dissémination des aérosols en circulation dans la salle d’opération. Cela implique la création d’une tente de protection à l’aide d’un champ de microscope chirurgical et la mise en place d’une barrière qui empêche la propagation des aérosols, favorisant ainsi un environnement chirurgical plus sûr et diminuant l’exposition virale. La technique implique un trou découpé au centre pour accueillir l’objectif du microscope, l’adhésif du drapé le fixant autour de l’ouverture de la lunette, assurant une ligne de visée dégagée. Le bord inférieur du rideau est coupé pour éviter la contamination lors des mouvements de la main en dessous. Comme le montre une étude récente de Chen et al., cette solution simple mais efficace impliquant l’utilisation d’un champ barrière réduit considérablement la dispersion des matières particulaires lors de la mastoïdectomie, ce qui prouve l’efficacité de la méthode proposée.6
La méthode proposée dans cette vidéo offre un moyen pratique et innovant d’améliorer la sécurité du personnel du bloc opératoire lors de la mastoïdectomie. Au-delà de son application immédiate, cette approche sert de modèle pour le contrôle des infections, prometteuse pour une mise en œuvre plus large dans divers établissements de soins de santé aux prises avec les défis continus de la pandémie de COVID-19. De plus, cette méthode ne se limite pas à la mastoïdectomie seule. L’utilisation de champs de microscope, comme suggéré, peut être étendue pour atténuer le risque de dissémination virale dans d’autres interventions chirurgicales telles que la chirurgie des sinus et de la base du crâne, les chirurgies transorales, les chirurgies de la colonne vertébrale, etc. Ainsi, cette approche a le potentiel d’être largement appliquée dans divers domaines chirurgicaux, contribuant de manière significative aux mesures de contrôle des infections.7,8
Le patient dont il est question dans cette vidéo a donné son consentement éclairé pour que l’intervention chirurgicale soit filmée et est conscient que des informations et des images seront publiées en ligne.
Citations
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Cite this article
Brown CS, Dominaitis P, Telischi FF. Champ de microscope pour les procédures générant des aérosols pendant la pandémie de COVID-19. J Med Insight. 2024; 2024(309). doi :10.24296/jomi/309.